Pourquoi et comment s’impliquer ?
Pourquoi s'impliquer?
Pour la plupart d’entre nous, les funérailles sont l’un des rares moments où nous vivons vraiment l’instant présent. Cela crée des souvenirs indélébiles et a des conséquences sur le processus et le travail de deuil.
En France, on a tendance à confier beaucoup de tâches aux professionnels du funéraire, à leur déléguer certaines missions qui peuvent pourtant être accomplies par des particuliers. Est-ce parce qu’ils estiment nous rendre service en nous « déchargeant » ou avons-nous accepté de nous laisser déposséder de ce pouvoir par peur de la mort ? Mais peut-être avons-nous peur de la mort car elle est devenue une inconnue !?
Ce qui importe c’est que tout soit fait en connaissance de cause, par choix et non par obligation, dans la mesure du possible bien sûr. Le seul cadre doit être celui imposé par la loi. Il serait dommageable que le regard des autres dicte les comportements à adopter, voire quoi penser, ou pire : quoi ressentir.
Chacun est bien évidemment et heureusement libre de faire ce qui lui semble être le mieux. Il est important de faire tout et seulement ce qui a du sens pour vous : Ne faites pas si ça ne veut rien dire et osez si vous en avez envie. Bien sûr, le but n’est pas de nuire aux autres et les initiatives peuvent être débattues.
Ceux qui vous connaissent bien peuvent vous donner leur avis mais personne d’autre que vous ne devrait décider à votre place.
Toutes les choses qu’on peut faire soi-même permettent de réaliser ce qu’il se passe. Ce n’est pas en se mentant que le problème disparaît! Si on veut se rendre service, on doit admettre la vérité, c’est-à-dire que la personne qu’on aime est morte. Ce n’est pas facile mais nécessaire pour avancer. Cela peut prendre du temps.
Comment s'impliquer?
Déclarer le décès – Cette démarche s’effectue auprès de la mairie du lieu de décès dans les 24 heures qui suivent la constatation (certificat de décès établit par un médecin). Ayant l’habitude de le faire, ce sont généralement les Pompes Funèbres qui s’en chargent spontanément. Mais vous êtes en droit de déclarer vous-même le décès (voir les conditions sur le site du service public https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F909 ). Cela peut vous permettre de réaliser ce qu’il se passe ou vous permettra peut-être ultérieurement de ne pas en douter puisque c’est vous qui en aurez officiellement informé l’Etat Civil du décès de votre proche.
Voir le défunt – Oui, c’est une image qui restera gravée dans votre mémoire mais c’est aussi la possibilité de réaliser que même si on ne veut pas que la personne soit morte, elle l’est. Et ainsi pouvoir lui dire au revoir. Cela peut être salvateur, vous évitant de rester dans le déni et au contraire accepter que les choses sont ce qu’elle sont. La mort est la seule chose qui soit inéluctable et irrémédiable. Y faire face, c’est l’intégrer, vivre avec et peut-être en avoir moins peur.
Le préparer – Ayant de la distance affective, les professionnels sont en capacité de procéder à une toilette et à l’habillage d’un défunt, tout en le respectant. Si la décision est prise de recourir à la thanatopraxie, c’est-à-dire de retirer les fluides et d’injecter un produit à base de formol pour ralentir (voire stopper) le processus naturel, c’est une préparation qui conditionnée par l’obtention du diplôme de thanatopracteur. En revanche, les proches ont le droit de participer, par exemple, en coiffant le défunt ou en mettant des bijoux… Tous ces gestes peuvent être délicats et réalisés pour vous, mais dans certaines coutumes, ce sont les proches qui font la toilette, ce n’est pas interdit par la loi. Si vous ne vous en sentez pas l’envie ou la capacité, vous pouvez fournir une photo pour que votre proche soit présenté en fonction de ses goûts : une femme coquette sera alors plus maquillée qu’une femme qui avait l’habitude de rester naturelle. Un homme barbu pourrait ne pas être reconnaissable s’il était rasé… Vous pouvez également estimer que les bijoux ont leur place, peut-être le temps du recueil et retirer avant la fermeture du cercueil.
Lui laisser un souvenir – Une occasion vous est donnée d’écrire ce que vous ressentez, vous remémorer des anecdotes, offrir un vêtement porteur de souvenirs, des photos … Vous pouvez déposer certains objets (de préférence biodégradables) dans le cercueil pour que l’être cher « parte » avec. Cela peut même être du linge personnel qui pourra être disposé en guise de capiton à l’intérieur du cercueil.
Planifier le déroulé de l’hommage –Si la personne vous a laissé (en partie) cette liberté, à vous et aux autres personnes qui la connaissez le mieux, vous pouvez bien sûr demander conseils si vous n’avez aucune idée de ce que vous pourriez mettre en place, mais ayez aussi confiance en vous. L’hommage, c’est le moment qui nous est donné pour libérer nos émotions. Les rires et les pleurs sont les bienvenus. Les chants, les poèmes, les photos sont un bon moyen de s’exprimer, qu’ils soient empruntés ou de votre composition, ou encore que des artistes les interprètent, les mettent en scène. Ils peuvent s’accompagner d’une décoration en lien avec la passion du défunt, de symboles tels que du blé, des pétales de fleurs, un véhicule (calèche, moto…). Une trame peut vous être proposée mais quels que soient son contenu, l’ordre et la durée, si vous avez l’impression d’honorer la mémoire du défunt, alors ce seront des funérailles réussies. J’attire toutefois votre attention sur le fait que selon le lieu de la cérémonie, un temps peut vous être imparti. Sachez qu’il n’est pas obligatoire de se rassembler à l’église ou au crématorium. Une salle communale peut être mise à disposition, parfois au cimetière, une salle privée peut être louée pour l’occasion, un jardin, une plage, tout endroit que vous jugerez avoir du sens. S’il s’agit du lieu de destination des cendres, assurez-vous qu’il soit conforme à la règlementation.
Porter le cercueil et le descendre dans la tombe – Du corbillard au lieu de l’hommage et/ou du lieu de l’hommage au cimetière (mais pas au crématorium), voire même descendre le cercueil dans la tombe, accompagner le défunt jusqu’au bout peut être bénéfique. Cette personne vous a soutenu dans toutes les épreuves, vous pouvez la « soutenir » une dernière fois, la laisser partir. Si vous en avez envie mais que vous avez peur de craquer (physiquement ou psychologiquement), assurez-vous que d’autres proches ou les professionnels puissent prendre le relais et écoutez-vous : faites-le.
Il est légitime de vouloir retenir un proche, en France, on nous a conditionné à posséder, mais dans certaines cultures, on sait lâcher prise et accepter que les choses sont ce qu’elles sont (ce qui ne veut pas forcément dire être d’accord).
Une poignée de terre –Lorsque le cercueil est inhumé dans une fosse en pleine terre (pas dans un caveau en béton), commencer à l’ensevelir en lâchant une poignée de terre peut être un geste très fort de sens. C’est la dernière étape des funérailles, c’est bâtir la dernière demeure du proche décédé. C’est prendre conscience qu’on ne le reverra plus.
Disperser les cendres –D’autres pourront le faire pour vous si le besoin s’en fait ressentir, mais encore une fois, tout ce que vous ferez vous-même contribuera à participer à l’acceptation du départ, de l’absence de l’être aimé. Alors puisque c’est l’ultime étape lorsqu’il y a crémation, « libérer » la personne peut contribuer à vous libérer également, progressivement.
Vider la maison – Si plus personne ne vit dans la maison, il va falloir en retirer tous les biens. Trier, se débarrasser, conserver, se mettre d’accord avec les autres proches légitimes… s’il n’est pas évident de décider, il est utile d’y participer : cela peut être l’occasion de se remémorer de nombreux souvenirs, savoir que c’est la dernière fois qu’on vient et dire « au revoir », réaliser qu’une page se tourne et contribuer à prendre conscience du départ définitif de la personne.
Toutes ces propositions, ainsi que celles que vous trouverez, n’auront peut-être pas un effet immédiat mais il est fort probable, qu’avec le temps et un entourage aimant, cela vous aidera.
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Surtout ne culpabilisez pas si vous aviez envie de faire quelque chose mais que vous n’y êtes pas parvenu(e) : vous avez fait ce que vous pouviez sur le moment en fonction des moyens que vous aviez à ce moment. On ne peut pas savoir comment on va réagir à une situation tant qu’on ne l’a pas vécue. Et la perte d’un proche peut nous affecter de telle façon qu’on peut perdre ses moyens, se sentir incapable de réfléchir, de décider, d’agir… Il n’y a pas de règle, pas d’obligation. Chacun fait ce qu’il peut avec ce qu’il a, avec ce qu’il est.